Noces de Soie : le high-tech à la française !

Publié le 5 Octobre 2015

Airbus A380 - Photo Roger Green

Airbus A380 - Photo Roger Green

Nous avions vu il y a quelques articles que la soie avait été un prétexte pour un Français inventif de poser les premiers jalons du chemin qui allait mener aux smartphones, aux tablettes et à tout notre monde numérique. C'était il y a 200 ans.

L'image choisie en illustration de cet article est délibérément trompeuse, car il s'agit de ménager le suspense quand même. Car l'Airbus 380 est bien un produit européen, et non pas uniquement français. Il faut dire que nos médias sont eux-mêmes imprécis, car en indiquant que les Airbus terminés à Toulouse font du bien à la balance commerciale, ils omettent de dire que l'achat de tous les composants se fait beaucoup à l'import...

Mais ne soyons pas chagrins. La France fait partie des créateurs de l'Airbus, et il faut dire que la France est tout simplement l'un des pionniers dans l'histoire de l'aviation. Si on peut se battre entre Allemands et Français sur la paternité de l'automobile, il n'y a pas photo en la matière. Le premier avion volant est bien l'Eole, de Clément Ader (à vapeur !), qui fait un véritable bond en 1890. Mais l'histoire retiendra le premier vol "réél" des frères Wright, aux USA, en 1903.

Revenons plus loin en arrière, en plein Siècle des Lumières, quelques années avant la Révolution Française. C'est en 1782 que les frères Montgolfier, ardéchois papetiers de profession, inventent un ballon à air chaud fait de... papier et de soie. Car la soie, que l'on fabriquait en France depuis la Renaissance, est un corps extraordinaire, aux propriétés étonnantes. Douce, fine, elle n'en est pas moins très résistante. On pouvait donc en tisser de larges bandes, très solides et faciles à travailler. De plus, la finesse de la fibre permettait de réaliser une enveloppe relativement peu perméable : indispensable pour créer un objet destiné à s'élever dans l'air par la seule force de l'air chaud (on ne va pas vous refaire Archimède, mais en gros : l'air chaud, plus léger, s'élève. Il ne restait donc plus qu'à l'emprisonner). 

L'année suivante, en 1783 donc, eurent lieu 3 premières : le premier vol, le 4 juin, à Annonay. En septembre, à Versailles, devant le roi Louis XVI, que l'on sait amoureux des techniques, c'est le premier vol habité. Comme pour la conquète de l'espace près de 200 ans plus tard, c'est le règne animal qui a les honneurs de cette première : on fait monter dans la nacelle un coq, un mouton et un canard. L'histoire ne dit pas si :

- la cohabitation des trois bêtes s'est bien déroulée.

- le canard s'est échappé.

Je trouve quand même cela assez comique d'imaginer que des animaux de basse cour aient été les premiers à s'élever aussi haut. A peu près 500 m quand même.

Du coup, quand on se fut assuré que la technique était au point, 3 hommes osèrent la montée. Les premiers aéronautes, ou aérostiers furent Jean-Baptiste Réveillon, Jean-François Pilâtre de Rozier, et Giroud de Vilette. Plus tard, la technique en question fit ses premières victimes (Jean-François Pilâtre de Rozier), mais le pli était pris et les performances n'iraient qu'en s'accentuant. Dans cette phase, la France allait garder une avance considérable durant quelques années. Ironie de l'histoire, c'est l'outil militaire forgé par l'Ancien Régime (dont le fameux système d'artillerie de Gribeauval qui allait fortement aider un artilleur de profession nommé Bonaparte) qui allait assurer les victoires de la Révolution et de l'Empire. Ainsi du ballon captif, toujours construit à partir d'une enveloppe de soie, mais cette fois gonflé à l'hydrogène, grâce à un ingénieux procédé consistant à faire agir de la vapeur d'eau sur du fer. Ce ballon constitue pour les forces armées un magnifique balcon, un poste d'observation irremplaçable pour qui veut observer le champ de bataille. Ce fut l'une des raisons de la victoire de Fleurus en 1794.

Il est à noter que Napoléon ne se servit pas de cette invention. Technophobie ? Plus prosaïquement, un tel équipage était tout sauf maniable pour celui qui voulait faire de la vitesse l'un des plus beaux atouts. Et si... et si Napoléon avait eu des ballons le 18 juin 1815, peut-être qu'une gare Londonienne se serait appelée autrement.

Reste que depuis, on n'a pas inventé beaucoup mieux que la Soie pour s'envelopper de manière coquine et douillette.

 

Un vol de 1783. Noter que le foyer était embarqué.

Un vol de 1783. Noter que le foyer était embarqué.

Rédigé par Nicolas PERROT

Publié dans #Noces de Soie

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