6 ans de mariage : Noces de sucre, cap sur le rhum !

Publié le 1 Novembre 2014

La route mythique

La route mythique

Le départ de la Route du Rhum, ce dimanche 2 novembre, est l’occasion pour nous de revenir brièvement sur l’histoire d’une autre grande voyageuse : la canne à sucre.

Car il est connu de tout le monde que le rhum est issu de la fermentation de cette graminée (ou poacée), semblable à un grand roseau, qui peut atteindre 6 m de haut. Une belle paille ! C’est donc l’alcool typique des « iles à sucre » qui incarnent dans notre esprit une époque révolue faites de pirates romantiques, d’aventureuses chasses au trésor et yohoho ! une bouteille de rhum !

Le Capitaine Haddock un peu... éméché. Hergé, "Le Secret de la Licorne", Casterman

Le Capitaine Haddock un peu... éméché. Hergé, "Le Secret de la Licorne", Casterman

Car avant d’arriver sur le « papillon » de la Guadeloupe1, notre « herbe » a parcouru plusieurs milliers de kilomètres, bien avant nos navigateurs solitaires mais également moins vite qu’eux.

Notre histoire commencerait en Nouvelle-Guinée, au nord de l’Australie. Les Indiens la découvrent et la cultivent dans la vallée de l’Indus. Néarque, un officier d’Alexandre le Grand, décrit une plante qui « donne du miel sans l’aide des abeilles ». A l’époque, en effet, le miel était la seule source de sucre connue en Occident. Les Arabes, grands commerçants, sauront vite quels profits tirer de leur position avantageuse. Comme avec la soie, ils feront l’intermédiaire entre Orient sucrier et Occident où les pains de sucre seront réservés aux plus riches, et distribués par les apothicaires. Les privilégiés devront quand même faire abstraction de l’odeur forte du sucre non raffiné : il voyageait à dos de dromadaire !

 

 

Canne à sucre (Photo : Forest & Kim Starr)

Canne à sucre (Photo : Forest & Kim Starr)

Une telle source de richesse ne restera pas éternellement un monopole. Les Portugais et les Espagnols, les premiers, acclimateront la plante sur leurs îles atlantiques dès le début du XVème siècle : Madère, les Acores, les Canaries. La découverte de l’Amérique va permettre à d’autres compétiteurs de participer à ce commerce lucratif : les Anglais, les Français, les Hollandais, les Danois également. Bientôt, la zone caraïbe sera LA zone de production du sucre. Pour exploiter ces champs sur des terres dépeuplées par les populations autochtones (pour cause d'épidémies), les colonisateurs mettront en place le commerce triangulaire de sinistre mémoire. Oui, le gout du sucre était alors très amer.

Il rapportait beaucoup. Tant, d’ailleurs que, à l’issue de la guerre de Sept Ans, la France fit tout pour garder ses précieuses îles à Sucre, quitte à abandonner le Canada. La canne à sucre contre les « arpents de neige » cités par Voltaire. La Révolution Française aura quand même aboli l’esclavage, presqu’aussitôt rétabli par Bonaparte, qui ne pardonna pas la révolte menée à Haïti par Toussaint Louverture. Le courageux général noir fut exilé au Château de Joux, dans le Haut-Doubs, connu pour la rudesse de ses hivers2.

 
Le fort de Joux (à gauche) - Photo Patrick Giraud

Le fort de Joux (à gauche) - Photo Patrick Giraud

Hélas, sa cellule n’eut jamais le même confort que celle qui avait été octroyé des années plus tôt au fringuant Mirabeau. Il faut dire que le comte était puni pour quelques frasques amoureuses et d’honneur, alors que Louverture représentait l’ennemi à abattre. Haïti accèdera à l’indépendance, mais l’ancienne puissance coloniale, vexée, mettra un point d’honneur à écraser la jeune république par le poids de sa dette.

Buste de Toussaint Louverture au fort de Joux - Photo Christophe Finnot.

Buste de Toussaint Louverture au fort de Joux - Photo Christophe Finnot.

Le temps a passé. Les îles à sucre de Guadeloupe et Martinique sont toujours françaises, et l’une est aujourd’hui la destination de cette grande transatlantique. Admirons donc ces superbes voiliers fendre l’eau, rendons hommage au courage de ces navigateurs. Ils me font autant rêver que ces pirates dont la légende a embelli l’histoire.

 

 

Envie d'en savoir plus ? C'est par là !

 

 

 

1 Pointe-à-Pitre étant, rappelons-le, préfecture du département et de la région Guadeloupe, dont la forme rappelle celle d’un lépidoptère.

2 On appelle d’ailleurs la région de Mouthe la « Petite Sibérie », qui renvoie à des images de goulags. Je préfère de loin le « Petit Canada » !

Gitana 11 - Photo Remi Jouan

Gitana 11 - Photo Remi Jouan

Rédigé par Nicolas PERROT

Publié dans #Anniversaires de mariage, #Noces de Sucre

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